27 juin 2008
Hésitation, indécision … à quoi bon …
J’avance d’un pas, je recule, je vire, je stagne … qu’il est difficile à suivre ce chemin …
Me voilà aux prises d’élans ambitieux et de replis pathologiques.
Je suis sûre de moi, la clarté se fait dans mon esprit et l’instant d’après, je me dis « à quoi bon ! ».
Je veux peindre, dessiner, d’ailleurs j’ai maintenant compris que ce n’était pas différent.
Je veux saisir le beau, l’harmonieux, quand il se présente à moi.
Je veux aussi le construire, le modeler, à ma façon.
Je veux de la couleur, de la matière, de la douceur et de la vie.
Je reviens aux sources de ce que j’aime, depuis toujours : les impressionnistes. Sans savoir pourquoi, sans me l’expliquer, j’ai toujours été séduite et fascinée par ces peintres, si différents les uns des autres et formant pourtant un courant artistique, une pensée, une philosophie, un art de vivre.
Maintenant que je les redécouvre avec des yeux d’adultes, et un peu plus de bagage artistique, je n’en suis que plus charmée et attirée.
Mais attention, loin de moi l’idée de copier, de faire à la manière de. Surtout pas, ça m’ennuierait très vite. Non, je pense, peut-être naïvement, que leur mode de pensée et d’expression peuvent me guider, m’ouvrir les yeux, l’esprit et le coeur. Je sens des affinités avec leur sensibilité.
Seulement, à quoi bon ! La tâche est d’une telle ampleur … les contraintes sont si grandes … le temps donc je dispose est tellement misérable. Cela en vaut-il vraiment la peine ?
Je ne vise pas un médiocre résultat, je vise un accomplissement entier, une expression totale. Je ne peux pas m’engager à moitié dans un domaine me touchant de si près. Tout le reste me semble si dérisoire.
Mais je me sentirais si coupable de renoncer définitivement.
Alors que faire ? Par quoi commencer ? Je n’y arrive décidément pas …
Voilà ce qu’Emile Zola écrivait à son ami Cézanne, hésitant entre une carrière de peintre, qu’il souhaitait ardemment, et une carrière d’avocat, qui était le souhait de son père :
« La peinture n’est-elle pour toi qu’un caprice qui t’est venu prendre par les cheveux un beau jour que tu t’ennuyais ? N’est-ce qu’un passe-temps, un sujet de conversation, un prétexte pour ne pas travailler au droit ? Alors, s’il en est ainsi, je comprends ta conduite : tu fais bien de ne pas pousser les choses à l’extrême et de ne pas te créer de nouveaux soucis de famille. Mais si la peinture est ta vocation (et c’est ainsi que je l’ai toujours envisagée), si tu te sens capable de bien faire après avoir bien travaillé, alors tu deviens pour moi une énigme, un sphinx, un je ne sais quoi d’impossible et de ténébreux. Veux-tu que je te dis ? Surtout ne va pas te fâcher : tu manques de caractère; tu as horreur de la fatigue, quelle qu’elle soit, en pensée comme en action; ton grand principe est de laisser couler l’eau et t’en remettre au temps et au hasard. Si j’étais à ta place, je voudrais avoir le mot, risquer le tout pour le tout, ne pas flotter vaguement entre deux avenirs si différents, l’atelier et le barreau. Je te plains, car tu dois souffrir de cette incertitude, et ce serait pour moi un nouveau motif de déchirer le voile; une chose ou l’autre, sois véritablement avocat ou bien sois véritablement artiste; mais ne reste pas un être sans nom, portant une toge salie de peinture. »
Comme j’aurais aimé avoir Zola pour ami …