18 septembre 2008
Je suis perdue …
Qu’ai-je fait depuis ce mois de janvier 2005 où en voyant de beaux dessins, j’ai décidé d’acheter une boîte de crayons de couleur et de dessiner ?
J’a appris à dessiner, à observer les détails, à avoir une vue d’ensemble pour repérer des lignes, des masses, j’ai appris à mesurer et reproduire la lumière créant ainsi l’illusion du modelé.
Bref, j’ai appris à reproduire objectivement ce qui se trouve devant mes yeux.
J’ai essayé plusieurs médiums, secs de préférence. J’ai habitué ma main à doser sa pression sur le papier. J’ai appris à mélanger des pigments pour produire des couleurs justes.
Bref, j’ai appris à utiliser des outils qui permettent de reproduire ce que j’ai sous les yeux.
J’ai appris à regarder les Å“uvres d’art du passé, en comprenant leur portée, leur contexte, leur philosophie sous-jacente. J’ai posé un regard vierge sur des centaines de tableaux, de dessins, de sculptures, je me suis délectée à les regarder, les décrypter parfois.
Bref, j’ai ouvert mon esprit à un domaine que je ne connaissais pas, pour mon plus grand plaisir.
Pour prolonger la délectation, j’ai reproduit des Å“uvres, j’ai emprunté certains styles, certaines manières.
Bref, j’ai dessiné en enfilant le costume d’autres personnes
J’ai croisé des tas de gens qui peignent et dessinent, pour diverses raisons. Pour la plupart, c’est un passe-temps, sans plus ; ils trompent l’ennui, produisant des images déjà vues et dépourvues de caractère, de personnalité.
Très peu sont « habités » par quelque chose qui les pousse, qui les guide, qui les porte, au-delà de leur conscience et leur volonté.
Et moi ? A quelle catégorie est-ce que j’appartiens ? Aujourd’hui, je n’en sais plus rien et j’ose me poser la question.
Depuis bientôt 4 ans, je produis des images mais sont-elles les miennes ? Qu’y a-t-il de moi dans tout ça ? Je dessine ce que j’ai envie de regarder et non de dessiner. Je dessine pour la spectatrice que je suis devenue.
La finalité première de mon travail est de pouvoir admirer un dessin qui me plait. La finalité seconde est d’établir un lien avec les autres, de séduire et de partager.
Mais à quoi ça rime tout ça ? Est-ce là une démarche artistique ? Est-ce que ça a quelque chose à voir avec la créativité ? Avec l’expression de quelque chose ?
Je me sens vide.
Pleine d’images qui ne sont pas les miennes, mais vide, sans vie intérieure, sans personnalité. Mon ego en a pris un bon coup sur la tête.
A quoi bon continuer à produire des images pour mon propre plaisir ? Je peux tout aussi bien me faire plaisir en allant au musée ou en me payant un bon resto.
Je n’ai pas trouvé cette petite voix intérieure qui pourrait me guider, me pousser à produire des choses personnelles, des choses dont je pourrais être fière, que je me sentirais légitime de revendiquer, d’assumer.
Si je dois continuer à chercher, je ne sais plus où ni comment.
Et si je dois arrêter mes recherches, je ressens un sentiment d’échec, insupportable car je n’ai pas totalement perdu espoir de me trouver.
Ou bien j’ai tellement peur de ce que je pourrais trouver que je ferme volontairement la porte à double-tours.
J’avoue que je me suis perdue en essayant de me trouver … c’est bête, hein ?
