6 juin 2008
Ecrire, dessiner …
J’ai toujours aimé écrire.
Mon premier souvenir précis se rapporte à l’écriture. J’avais 6 ans. Je venais d’apprendre à écrire et en guise d’exercice, je devais recopier un poème de Prévert. Je l’ai recopié trois ou quatre fois, c’était si plaisant.
Le plaisir de la plume qui glisse sur le papier vierge (j’ai appris à écrire au stylo-plume), le contraste de l’encre sur le papier blanc, la rondeur des caractères, leur régularité, la page qui se remplit peu à peu …
Un peu plus tard, pour occuper mon temps libre, je recopiais des livres. Je n’allais jamais jusqu’au bout, je finissais toujours par avoir des crampes.
Il y a 10 ans, dans une grande période dépressive, j’ai pratiqué la calligraphie ancienne. J’ai passé de longs moments, dans le silence de mon appartement, à tracer des lettres gothiques, consciencieusement, en écoutant ma respiration.
Ecrire à un effet calmant, apaisant sur moi. J’ai horreur d’écrire vite, prendre des notes est une souffrance.
J’aime l’acte d’écrire mais j’aime aussi m’exprimer par l’écriture.
J’ai encore mon premier journal intime, dans lequel je n’avais rien à raconter en dehors du temps qu’il faisait.
J’ai tenu des journaux, par intermittences, à l’adolescence, durant mes grossesses, lorsque mes enfants étaient petits. Je rêvais d’écrire toute ma vie, comme on écrit un roman.
J’ai tenu aussi des correspondances, avec des cousines, des amies. J’ai écrit chaque jour à mon époux durant son service militaire. J’écris aussi quand je vais mal, quand nous nous disputons.
Ma vie est ponctuée de petites phrases et de grands textes, de mots d’amour ou de désespoir.
L’écriture me permet d’aller aux autres sans affronter leur regard. Sans le regard de l’autre, je peux tout dire, tout imaginer, tout entendre aussi.
Je suis moi quand j’écris.
L’écriture, c’est ma liberté, ma reddition.
Dessiner, c’est une forme d’écriture. Mêmes outils, mêmes techniques.
J’adore écrire le feuillage des arbres, la texture d’un mur, le pli d’un drapé, l’ombre d’une chevelure.
Dessiner, pour moi, c’est forcément en petit. Sur un grand format, les gestes sont trop grands pour être apparentés à de l’écriture. Ce serait plutôt de la danse.
J’ai le sentiment que pour le moment, je dessine, mais sans m’exprimer, sans raconter. Je recopie le poème de Prévert, je n’en suis pas encore à écrire mes propres textes.
Peut-être qu’au bout du chemin, j’écrirai des textes et des dessins ? Alors la boucle sera bouclée : écrire, dessiner … dessiner, écrire …